Campagne Nationale
L’économie mainstream a établi qu’un taux d’inflation moyen de 2 à 4% est normal dans un
système économique stable. Cependant, il arrive, dans des périodes de crise, que l’inflation
augmente de manière incontrôlée. Dans une perspective marxiste, l’inflation consiste en une perte
de valeur de la monnaie, ce qui est causé par une augmentation générale des prix de toutes les
marchandises, souvent à cause d’entreprises privées souhaitant maintenir leurs profits. La menace
de l’inflation est souvent utilisée par la bourgeoisie pour justifier des mesures antisociales, tout en
s’assurant d’obtenir la plus grande part du gâteau.
Les économistes bourgeois, en menant la lutte à la fois dans l’économie matérielle et dans la
théorie économique, ont développé plusieurs théories pour expliquer et éviter l’inflation :
1. L’inflation serait due à une trop grande quantité d’argent en circulation, ce qui justifierait les
politiques d’austérité;
2. L’inflation serait due à une trop forte demande, provoquée par une trop forte croissance des
salaires, ce qui justifierait une politique de stagnation des salaires, c’est-à-dire une baisse
des salaires réels ;
3. L’inflation serait due à une accélération trop importante de l’économie. Il faudrait donc la
réguler par une hausse des taux d’intérêt, ce qui impliquerait un ralentissement des
investissements, une baisse des salaires et une hausse du taux de chômage.
Les théories des économistes bourgeois ont un point commun : elles justifient des mesures
défavorables au prolétariat. De plus, certaines de ces théories ne se sont pas toutes vérifiées dans
la réalité.
L’inflation met en lumière la question du partage de la valeur entre le travail et le capital, c’est-à-dire
la question de la lutte des classes. Une inflation constante est souvent freinée par des mesures
défavorables à la classe laborieuse en baissant les salaires réels, c’est-à-dire en augmentant les
taux d’intérêt de la bourgeoisie. La crise économique du COVID a inévitablement mené à une
baisse des profits des entreprises et de leurs actionnaires. Bien que la guerre en Ukraine ait eu un
rôle à jouer, l’inflation actuelle doit être comprise dans un contexte “post” covid, dans lequel les
entreprises veulent récupérer ces profits “perdus”.
D’un point de vue historique, les questions de classe apparaissent dans chaque période d’inflation.
Pendant la Première Guerre mondiale, par exemple, le besoin de liquidités créé en Suisse par les
dépenses de guerre a été résolu de différentes manières, plus ou moins inflationnistes, en fonction
des rapports de force entre les classes ; en particulier, au moment où la petite bourgeoisie,
menacée par la prolétarisation, aurait pu faire alliance avec le prolétariat et renverser le rapport de
classe, la bourgeoisie a tout fait pour trouver des moyens de financement favorables à la petite
bourgeoisie. Lorsque, à la fin de la guerre, le prolétariat, poussé à la misère par ces politiques,
devient une menace pour la bourgeoisie, celle-ci adopte une politique désinflationniste, incluant
des taxes sur les bénéfices de guerre.
L’inflation place le prolétariat dans une position économique instable; elle met en lumière les
dynamiques d’exploitation présentes depuis toujours dans notre système capitaliste. Par
conséquent, il s’agit également d’une opportunité pour l’organisation de la classe laborieuse,
comme on a pu le constater avec les grèves du secteur public dans le canton de Vaud.
Il y a principalement deux revendications réformistes qui profitent à la classe laborieuse:
1. Le contrôle des prix, en se concentrant sur des secteurs-clés: les besoins de base,
l’énergie, les assurances-maladie, les loyers, etc. Cette mesure augmenterait les salaires
réels. Il s’agit d’une mesure d’urgence, mais qui ne pourrait se maintenir sur le long terme
qu’en nationalisant ces secteurs.
2. L’indexation des salaires sur l’inflation. Cette mesure permettrait d’empêcher une chute des
salaires réels, c’est-à-dire limiter l’augmentation du taux d’exploitation. Cependant, à long
terme, nous ne pouvons pas nous contenter de cette mesure, qui limite l’exploitation mais
ne l’élimine pas.
Ces options ne sont que peu discutées, car la bourgeoisie connaît très bien les effets qu’elles
auraient sur sa part du gâteau. Cependant, même si ces revendications ne sont satisfaisantes qu’à
court terme, elles pourraient améliorer significativement le niveau d’organisation et de conscience
de classe du prolétariat. Il s’agit d’une première étape dans la construction d’une société socialist,
ce qui est la seule solution à long terme pour mettre fin à l’exploitation du prolétariat par la
bourgeoisie.